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quinta-feira, 16 de julho de 2015

La communauté Tehuelche en Argentine demande au Musée de l'Homme de Paris la restitution du crâne de l'un de ses membres. Ces restes auraient été ramenés à la fin du XIXe siècle par l'explorateur Henry de La Vaulx lors d'une expédition en Patagonie.

Un crâne dérobé par un explorateur français réclamé au Musée de l’Homme

© Photographie de l’historien Julio Vezub | Le crâne réclamé par le collectif Guias.


À la fin du XIXe siècle, entre mars 1896 et mai 1897, le comte Henry de La Vaulx, un explorateur français, pionnier de l’aéronautique, parcourt à cheval le sud del’Argentine. De tribu en tribu, ce grand admirateur de Jules Verne séjourne auprès des populations locales indiennes. Une aventure scientifique de plus de 5 000 kilomètres au cours de laquelle il collecte des plantes, des roches, mais aussi des restes humains. "Une série de crânes et d’ossements garnissent déjà mes caisses. Étranges, ces débris de squelettes ! Certains sont peints en rouge brique, d’autres en rouge clair", décrit le comte dans ses Mémoires intitulés "Voyage en Patagonie".



LA COUVERTURE DU LIVRE "VOYAGE
EN PATAGONIE" PUBLIÉ EN 1901

© Wikimedia



Des profanations que n'hésitent pas à lui reprocher certains autochtones. Ces critiques n'arrêtent pas pour autant l'explorateur : "J’ai pour moi une excuse, que diable ! Car je rapporterai en France un beau spécimen de la race indienne. Qu’importe après tout que ce Tehuelche dorme en Patagonie dans un trou ou au Museum sous une vitrine".

Le retour à la terre mère

Henry de La Vaulx ne se doutait pas, à l’époque, que ses pillages allaient continuer de susciter la colère pendant plus d'un siècle. Une association argentine, le collectif Guias, composé d’anthropologues, réclame en effet la restitution de l’un des restes humains ramenés en France par l’explorateur. Selon l’historien argentin Julio Vezub, le Musée de l’Homme à Paris contient dans ses collections le crâne du fils du cacique Liempichun Sakamata, l’un des chefs des Tehuelche, une tribu de Patagonie. Lors d’une visite au musée en 2009, ce chercheur a retrouvé la trace de ces ossements.

Le collectif Guias, ainsi que les descendants de cet homme, appuyés par les autorités argentines, viennent de déposer une demande officielle auprès de la chancellerie française pour récupérer ce crâne. Pour eux, il s’agit avant tout d’une question de respect. "Pour les Tehuelche, le cercle de la vie se ferme quand on revient à la terre mère. Sans le retour de leurs ancêtres, leur monde spirituel est incomplet", explique à France 24, Fernando Miguel Pepe, le coordinateur du collectif Guias. "En leur donnant le droit d’être enterré aux côtés de leurs êtres chers et dans leur terre, leurs descendants pourront réaliser les rituels mortuaires qui correspondent à leurs croyances".

Contacté au sujet de cette demande, le Musée de l’Homme, en rénovation depuis 2009 et dont la réouverture est prévue en octobre, confirme avoir reçu une demande de renseignements de la part du ministère français des Affaires étrangères (MAE), mais pas encore de requête officielle. "On a demandé des précisions au MAE. Est-ce qu’il s’agit d’un crâne ? De quelle tribu ? Pour l’instant, nous n’en savons pas plus sur l’identification de ces restes humains", précise Michel Guiraud, le directeur des collections.



DES FEMMES DE LA COMMUNAUTÉ TEHUELCHE EN 1898
© Colectivo Guias



Des affaires précédentes pour le Musée de l’Homme

Ce n’est pas la première fois que cet établissement fait face à une telle situation. La plus emblématique des demandes de restitution concerne Saartjie Baartman, surnommée la "vénus Hottentote". Cette femme, née vers 1789 en Afrique du Sud, avait été emmenée en Angleterre par un médecin de la marine britannique. En Europe, elle fut exhibée pendant plusieurs années comme une bête de foire dans une cage, en raison de son postérieur protubérant, avant de mourir à Paris en 1815. Jusqu’en 1974, ses restes ont été ainsi exposés au Musée de l’Homme. Ce n’est qu’en 2002 que la France a finalement accepté de les rendre à son pays natal, où elle a depuis été enterrée.

Plus récemment, la communauté du Nunatsiavut, au Canada, a fait part de son désir de voir rapatrier sept Inuits, dont les restes ont aussi été retrouvés au Musée de l’Homme. Ils sont morts en Europe, vers 1880, de la variole alors qu'ils avaient signé un contrat pour devenir l'attraction du zoo humain de Carl Hagenbeck en Allemagne. "Le jour où l’on sera saisi officiellement de la demande, on y répondra de façon favorable", annonce déjà Michel Guiraud.



UN PORTRAIT DE SAARTJIE BAARTMAN, PUBLIÉ EN 1815 DANS
"HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, TOME II, CUVIER, WERNER, DE LASTEYRIE"

© Wikimedia



Selon le responsable des collections, le Musée n’a pas de raisons de s’opposer à de telles réclamations si les conditions juridiques sont bien remplies : "On considère une demande comme étant recevable si elle porte sur un individu identifié et si la demande est issue de la famille et est relayée par un gouvernement légitime". Pendant longtemps, ces démarches se sont pourtant heurtées à un refus des autorités françaises, au nom "du patrimoine inaliénable de l'État et de la science". Désormais, une commission de déclassement ou une loi peuvent autoriser de tels transferts. Ce fut le cas en mars 2002 lors de la restitution des restes de Saartjie Baartman, ou plus récemment en mai 2010 avec le cas de têtes maories rendues à la Nouvelle-Zélande. Ces deux affaires ont fait l’objet d’une loi.

Certains cas peuvent s'avérer plus compliqués, souligne toutefois Michel Guiraud : "Il faut toujours voir dans quelles conditions les restes demandés sont entrés dans les collections publiques. Parce que la loi Maori de 2010 exclu notamment les dons dans le cadre des restitutions".

Dans le cas du fils du cacique Liempichun Sakamata, le collectif Guias se montre plutôt confiant. "Nous avons le soutien de différents organismes des droits de l’Homme, d’institutions gouvernementales, mais surtout des proches directs de cet homme", explique Fernando Miguel Pepe. L’association espère pouvoir régler, sans faire trop de vagues, cette restitution comme ce fut le cas lors de l’affaire de la "Damiana". Cette jeune fille avait été enlevée en 1897 dans le sud du Paraguay par des colons pour servir de servante, avant de décéder vers l'âge de 13 ans. Les restes de la pauvre enfant avaient alors été ramenés en Allemagne par l’anatomiste Hans Virchow. Après une enquête et une mobilisation du collectif Guias, son crâne avait finalement été rendu par l’hôpital de la Charité de Berlin à sa communauté d’origine en 2010. "Chaque restitution représente pour ces peuples une victoire sur la pensée coloniale qui les avait donnés pour disparus", résume Fernando Miguel Pepe.

fonte: @edisonmariotti @edisonmariotti http://www.france24.com/fr/20150709-crane-indigene-patagonie-argentine-musee-de-lhomme-restitution-restes-humains-droit-tehuelche

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