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domingo, 30 de novembro de 2014

D'un millénaire de présence juive en Pologne, beaucoup ne retiennent que le ghetto. Le tout nouveau musée Polin raconte une coexistence complexe.

D'un millénaire de présence juive en Pologne, beaucoup ne retiennent que le ghetto. Le tout nouveau musée Polin raconte une coexistence complexe.



Si, depuis 1989, la capitale polonaise a su séduire les touristes avec sa vieille ville entièrement reconstruite après guerre, ses bâtiments industriels du désormais branché quartier de Praga ou son impressionnant Palais de la culture et de la science — genre d'Empire State Building à la sauce réaliste socialiste —, il semblait lui manquer encore un pan de son histoire. De sa communauté juive (la plus grande d'Europe en 1939, plus de 30 % de la population d'alors), anéantie presque entièrement par les nazis, puis malmenée, pour le peu qu'il en restait, par les années de communisme, la ville ne conservait la mémoire que par une poignée de bâtiments épargnés par la guerre et un monument aux héros du ghetto.

Il aura fallu attendre la démocratie et quinze ans de débats pour que, le 28 octobre dernier, soit inaugurée en grande pompe, par les présidents polonais et israélien, l'exposition permanente du musée Polin, qui retrace l'histoire des Juifs polonais. Une histoire dont on ne connaît souvent que l'issue dévastatrice de 39-45, et non les débuts. C'est l'immense ambition de ce musée, magnifique bâtiment de verre construit à Muranow, le quartier de l'ancien ghetto, par l'architecte finlandais Rainer Mahlamäki : exhumer mille ans d'histoire, non au moyen d'objets anciens mais en prenant le parti de l'interactivité. Ecrans tactiles, films, reproductions, témoignages et reconstitutions spectaculaires (la coupole de la synagogue de Gwozdziec ou une rue typique de l'entre-deux-guerres) ponctuent ce récit chronologique d'une grande richesse. Car les relations des Juifs avec la Pologne ne se limitèrent pas aux méfiances, inimitiés et croyances populaires dont ils seront victimes au fil des siècles. C'est ce que s'applique à nous montrer l'exposition, sans pour autant éluder les tragédies (depuis le premier massacre perpétré par les Cosaques de Bogdan Chmielnicki en 1648) ni l'antisémitisme. Le musée, qui a mis le paquet sur les ateliers pédagogiques, s'adresse d'ailleurs beaucoup aux jeunes Polonais, encore souvent pollués par les stéréotypes. Et pour l'instant, de nombreux enseignants ont répondu présent.

Lors de son discours d'inauguration, le président polonais considérait que le devoir de tout pays libre et démocratique était de se confronter à la vérité, si douloureuse qu'elle fût. Pour Audrey Kichelewski, maître de conférences à l'université de Strasbourg et auteur d'un ouvrage à paraître sur les Juifs polonais depuis 1945, « même si l'historiographie critique reste assez peu présente et les interactions entre les communautés polonaise et juive pas assez abordées, ce musée a le mérite d'inclure l'histoire juive dans l'histoire nationale ». Une part d'identité amputée puis refoulée en passe, espérons-le, d'être redécouverte sans oeillères.



Y aller

| Paris-Varsovie en avion par la LOT (2h15 env.) | lot.com



Voir

| Musée Polin, ul. Mordechaja Anielewicza 6 | polin.pl | Tlj sf mar. 10h-18h (sam. 20h) | 3,50-6 € (15-25 PLN), entrée libre lun. | Prévoir un audioguide.



Dormir

| Metropol Hotel, ul. Marszalkowska 99a | hotelmetropol.com.pl | Chambre dès 38 €. Central, confortable, face au Palais de la culture.



Manger

| Warszawa Wschodnia by Mateusz Gessler, ul. Minska 25 | gessler.sohofactory.pl | A Praga, dans une ancienne fabrique en brique rouge | Cuisine franco-polonaise délicieuse, grand comptoir carré d'où l'on peut suivre les opérations | 13-18 € (56-78 PLN le plat).

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