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terça-feira, 10 de março de 2015

Deux Roms exposés dans un musée suédois

Ce couple de mendiants pose comme œuvre d’art, alimentant le débat sur les limites de la dignité humaine.

Les deux Roms posent le 2 février 2015 dans une pièce du musée Malmö Konsthall, dont l'un tient une pancarte disant «J'ai deux enfants et ils n'ont pas de maison où vivre. J'ai besoin de votre aide. Merci.» (Photo Albin Balthasar. AFP)





Le Sud-Africain Brett Bailey avait choqué avec Exhibit B, cette exposition rappelant les zoos humains coloniaux, désormais c'est un musée suédois qui fait parler de lui. A Malmö, deux Roms de 26 et 28 ans sont exposés dans un musée municipal d'art contemporain, le Malmö Konsthall. Ils sont assis en silence dans des coins opposés d’une salle quasi vide tapissée de quelques coupures de journaux sur les problèmes sociaux, à la lumière tamisée, sur fond de musique douce. Pour voir l’œuvre, il faut traverser un couloir sombre où des écrans disent : «Aujourd’hui vous n’êtes pas obligé de donner».SUR LE MÊME SUJET


Peu de visiteurs restent dans la pièce plus de quelques secondes. «On se sent un peu mal à l’aise. Je n’ai pas réussi à me concentrer quand j’étais dans la salle», dit un visiteur, Pär Körsell. «La pauvreté était si près. Ça m’a gênée», en déclare une autre, Ann-Margret Oftedal.

Pour Anders Carlsson, directeur artistique de l’Institutet, groupe qui a piloté l’exposition, le but est justement de provoquer un questionnement sur l’attitude face aux mendiants, rares avant l’afflux de Roms de ces dernières années. La mendicité est légale en Suède et, à Malmö, ils seraient 150 à faire la manche, selon une association rom. L’arrivée de Roms et de nombreux immigrants dans le pays scandinave s’est accompagnée d’une percée des Démocrates de Suède (SD), un parti anti-immigration. «En tant qu’artiste je peux offrir un espace où les gens peuvent rechercher pourquoi ils tolèrent autant ces injustices qui enfreignent en fait leur propre morale», explique Anders Carlsson.
15 EUROS DE L'HEURE




Luca Lacatus, charpentier roumain de 28 ans qui a quitté un village du nord de la Roumanie, a été approché, avec sa petite amie Marcella Cheresi, alors qu’il mendiait dans les rues de Malmö, la troisième ville suédoise. De 30 à 60 couronnes (3,25 à 6,50 euros) récoltés sous la pluie ou le vent, ils ont quadruplé leur revenu journalier en se contentant de poser deux heures. «Ça vaut mieux que d’être dans la rue. Dehors il fait froid et les gens ne sont pas aussi sympas qu’ici. Et il n’y a pas besoin de parler beaucoup», dit Luca Lacatus à l’AFP, interrogé grâce à un traducteur. Les quelque 15 euros qu’il gagne par heure doivent l’aider à rebâtir une maison dont il dit qu’elle a été incendiée il y a deux ans. Cela a amené les services sociaux à lui prendre deux de ses quatre enfants, les deux autres partant vivre chez des proches. Marcella Cheresi, 26 ans, enceinte du premier enfant du couple, avait aussi des enfants d’un premier lit : deux, qui vivent chez sa sœur.

Luca Lacatus tranche avec les clients habituels du restaurant du musée, généralement des intellectuels de gauche. «Les gens ici se sentent plus désolés pour nous que ceux dans la rue», remarque-t-il.
AMENER LES RICHES À POSER

Comme attendu, l’œuvre a fait polémique. Le président de l’association qui représente les 10 000 Roms suédois de Malmö, Erland Kaldaras, voit de meilleures manières d’évoquer la dure condition des immigrés roumains, comme par exemple de médiatiser l’action d’organisations «sérieuses, bien implantées qui travaillent sur ces questions au quotidien». «Ça nous ennuie, nous Roms qui vivons en Suède, de voir nos frères et sœurs assis dans la rue à mendier», reconnaît-il.

D’autres ont estimé que le visiteur n’apprenait rien sur les questions que pose la difficulté pour ces citoyens de l’UE d’accéder à un logement décent et un travail. «L’exposition n’est pas sur leur vie ou la façon dont ils ressentent la pauvreté et la misère, elle est sur la manière dont nous ressentons la mendicité», a déploré Aaron Israelson, rédacteur en chef d’un magazine vendu par des sans-abris. Une journaliste et polémiste de gauche, Kajsa Ekis Ekman, a affirmé que la véritable subversion aurait été d’amener des riches à poser. «Si des gens avaient vu leur patron assis à demander l’argent ils auraient vraiment dû réfléchir», a-t-elle écrit dans le quotidien ETC.



fonte: @edisonmariotti #edisonmariotti http://www.liberation.fr/monde/2015/03/09/deux-roms-exposes-dans-un-musee-suedois_1217188

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