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domingo, 8 de março de 2015

Le musée archéologique de San Pedro de Atacama – J10

Ce matin, comme prévu : visite du musée archéologique de San Pedro,... Suivez Sylvain Chaty pendant sa mission d'observation au Chili, à l'Observatoire du Cerro Paranal.






par Sylvain Chaty, astrophysicien (CEA-Paris Diderot) – observer pour récolter des données, analyser, prévoir, émettre des hypothèses, avancer dans ses recherches et sa connaissance des couples d’étoiles.


Le musée archéologique de San Pedro a été fondé par le prêtre belge Gustavo Le Paige, qui est le petit-fils de Constantino Le Paige, recteur et directeur de l'observatoire astronomique de l'université de Liège : l'astronomie n'est jamais très loin ! Étonnant de voir ce musée, petit mais complet sur l'histoire de la région, dans cette oasis perdue dans le désert ! Oublions quelques temps l’astronomie, et plongeons dans l’histoire de cette superbe région…



San Pedro de Atacama est une oasis située à une altitude de 2450 m, en plein désert d’Atacama, l'un des déserts les plus arides au monde : il pleut moins de 100 mm par an, à comparer à 637 mm à Paris ! San Pedro de Atacama, entre les rivières de San Pedro et Vilama, fait partie d'un ensemble de petites oasis, au nord du Salar d'Atacama, entre la cordillère des Andes et la cordillère de Domeyko, dans la cuenca del Salar. Le Salar d'Atacama s'est formé par accumulation lente de sels, apportés par l'eau des pluies descendant des sommets de la cordillère des Andes. La faune est constituée principalement d’animaux tels que : le zorro culpeo (un petit renard), la gaviota andina (une mouette), la viscacha (un gros lapin), et la vicuña (une vigogne),...


Les Premiers habitants d'Amérique du Sud arrivèrent vers 12 000 avant J.-C., en provenance de Sibérie, après avoir traversé le détroit de Béring et toute l'Amérique du Nord,… La présence humaine dans le désert d'Atacama a débuté il y a 12 000 ans (arrivée probablement en 10 000 avant J.-C.), avec les premières traces archéologiques datant de 9 000 avant J.-C. Il subsiste peu de vestiges de la période la plus longue de la préhistoire atacamène : 10 000 à 4 000 avant J.-C. On sait cependant qu'il s'agissait alors de chasseurs-cueilleurs se déplaçant dans les Andes, suivant les migrations de camélidés, rongeurs et oiseaux, et cueillant au passage fruits et plantes silvestres. Ils ont profité du climat le plus tempéré de l'Atacama, entre 2 400 et 4 200 m d'altitude, sur les contreforts (quebradas) des cordillères.


Entre 8 000 et 4 000 avant J.-C., une grande période de sécheresse, illustrée par le rétrécissement des tailles de lagune, força les habitants à se réfugier dans les gorges des contreforts de la cordillère. A cette époque, les habitants fabriquaient des outils avec des roches volcaniques, telles que le quartz ou l’obsidienne. En 6 000 avant J.-C. se forment les premiers campements, comme par exemple celui de Tambillo, situé sur les contreforts de la cordillère, en contrebas du camp de base d'ALMA: encore une fois, l'astronomie n'est jamais très loin! Tulan en est un autre exemple, occupé de 1 500 à 400 avant J.-C., avec des campements organisés en pièces circulaires.

De 4 000 à 600 avant J.-C., avec un pic à 3 000 avant J.-C., s'établissent les premiers campements permanents, tout d'abord basés sur une activité uniquement pastorale, puis évoluant peu à peu vers l'agriculture. La transhumance se développe avec la domestication d'animaux tels que les lamas. C'est aussi à cette époque que se développent les premières peintures d'art rupestre, sur différents supports, comme par exemple les pierres : pétroglyphes.

Revenons à l’oasis de San Pedro de Atacama : les premiers peuples s’y installent de 600 avant J.-C. à 400 après J.-C., et développent des activités agricoles et d'élevage, ainsi que des contacts intenses avec les régions voisines, créant un véritable réseau d'échange de produits avec le nord-est argentin, l'altiplano bolivien, la vallée Rio Loa, ainsi que la côte chilienne. Il s'agit là d'une époque faste d'enrichissement culturel, du développement de la métallurgie, de création de poteries, de décorations, de textiles polychromes, de travail de l’os et de bois, de substances hallucinogènes, et de céramiques noires polies (spécialité de San Pedro!).

Arrive ensuite la période de l'influence Tiwanacu de 400 à 600 après J.-C.: la culture Tiwanacu, établie dans les environs du lac Titicaca, s'étend sur l'Altiplano bolivien. Il s'agit alors du système socio-politique le plus complet du centre sud andin avant l'empire Inca. La restructuration politico-religieuse créée par la culture Tiwanacu exerce une forte influence dans l'ensemble du monde andin, et en particulier dans les oasis atacamènes. Il s'opère alors un syncrétisme avec la culture atacamène, par une sphère d'échanges économiques et culturels entre oasis et régions voisines. Suite à l'effondrement de l'empire Tiwanacu en 1 000 après J.-C., se développent des domaines de seigneurs jusqu'au 15e siècle, stoppés par l'arrivée de l'empire Inca dans la région : c'est l'époque dite Inka-Atacameña.

Dans les années 1530 débarquent dans la région les conquistadores espagnols, et des vestiges de bataille sont encore visibles autour de San Pedro, comme par exemple celle qui eut lieu à la Pukara de Quitor, et qui fut gagnée dans un bain de sang par Francisco de Aguirre, comme je l'ai décrit hier. Après le joug espagnol, la région, comme une partie du nord de l'actuel Chili, est administrée par le gouvernement de Bolivie à partir de 1825, jusqu'à la Guerre du Pacifique, qui eut lieu de 1879 à 1884, où la région passe alors sous le gouvernement chilien. C'est en effet lors de cette guerre que le Chili acquiert l'ensemble du nord de son territoire actuel, récupérant une partie du Pérou (la région d’Arica), et une partie de Bolivie (qui au passage perd son unique accès à la mer). Des vestiges de cette guerre subsistent encore autour de San Pedro, comme le tunnel de Catarpe, qui se trouve au-delà de la Pukara de Quitor.


Les autres choses à remarquer dans ce musée sont : une très belle salle du trésor, montrant le travail de l'or entre 500 et 900 après J.-C., et une collection intéressante d'une multitude de tablettes, destinées à la consommation d’hallucinogènes ! Par contre, à la demande de la communauté atacamène, et en accord avec la direction du musée, toutes les momies et ossements ont été retirés du musée, en particulier la momie surnommée "Miss Chile", qui était la mascotte du musée, et la coqueluche des Chiliens,... La raison invoquée par les Atacamènes est que ces morts doivent retrouver leur repos post-mortem bien mérité, en n'étant pas constamment sous le regard des visiteurs,… Dommage tout de même, car Miss Chile était très belle et digne, recroquevillée sur elle-même, avec ses longs et beaux cheveux ! Elle était restée parfaitement conservée après plusieurs siècles passés dans le désert, sans aucun procédé de conservation appliqué après sa mort, et ce uniquement grâce à la sécheresse extrême du désert !

Un seul regret dans ce musée : rien sur l’astronomie, mais peut-être que ce manque sera comblé avec le projet d'extension du musée qui semble être actuellement en discussion !


Puis nous quittons San Pedro, prenons l'avion de Calama pour Santiago, avec à l’arrivée sur Santiago une vue sur la montagne Aconcagua (voir la superbe photo prise - encore ! - par Alexis), puis nous rejoignons le soir la guesthouse, maison d'hôtes de l'ESO pour les astronomes observant en mode visiteur, et dont j'ai déjà parlé au début de ce blog. Je vous donne rendez-vous demain pour la dernière page de ce blog !


fonte: @edisonmariotti #edisonmariotti http://www.univ-paris-diderot.fr/sc/site.php?bc=recherche&np=pageActu&ref=7061

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