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segunda-feira, 15 de dezembro de 2014

François Hollande au musée de l’Histoire de l’immigration, enfin !


Le discours de Hollande prévu ce lundi au palais de la Porte dorée est doublement important : il va poser un regard positif sur l’histoire de l’immigration et donner une nouvelle chance à un musée boycotté par Sarkozy.



Le palais de la Porte dorée, qui abrite la Cité de l’immigration, dans le XIIe arrondissement de Paris (MEUNIER AURELIEN/SIPA)

Difficile de se faire entendre quand on veut « positiver » sur l’immigration dans la France d’aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Et pourtant, regardez les quatre affiches ci-dessous diffusées par le musée de l’Histoire de l’immigration, ce « musée-fantôme » parisien que François Hollande va inaugurer lundi matin, corrigeant un « oubli » volontaire de Nicolas Sarkozy !

Ces affiches surprennent moins par leur message, tellement évident, que par le simple fait qu’elles aient besoin d’exister, car le discours politique dominant sur l’immigration est celui de la peur, ou pire, autocensuré par la peur.

Non pas qu’il n’y ait pas de « problèmes », mais ceux-ci alimentent un rejet au nom d’un repli national qui va à l’encontre de l’histoire de la France depuis un siècle et demi.



Campagne du musée de l’Histoire de l’immigration


Courage politique

En septembre dernier, au moment de prendre ses fonctions, le nouveau président du musée de l’Immigration, Benjamin Stora, un historien de gauche connu pour ses engagements et son travail sur l’Algérie, nommé par François Hollande, m’avait confié que le vrai test du courage politique serait de voir si le président de la République accepterait d’inaugurer l’institution.

Le test est déjà réussi puisque, annoncé à la dernière minute, François Hollande se rend ce lundi au palais de la Porte dorée, ce bâtiment Art-Déco des années 30 sentant bon l’époque coloniale, et y prononcera un discours attendu sur l’immigration.

Benjamin Stora reconnaissait en septembre que le contexte n’était pas favorable, confiant à quelques journalistes :


« Nous sommes dans une situation d’hostilité, il y a un regard extrêmement négatif sur l’immigration, c’est presque une insulte de dire que les étrangers ont enrichi la France. C’est l’un des problèmes de ce lieu. »



Campagne du musée de l’Histoire de l’immigration
Boycotté par Sarkozy

L’histoire du musée résume en partie cette dégradation.

Initié par Jacques Chirac dans la foulée de la poussée du Front national de 2002, il a été ouvert sous Nicolas Sarkozy, mais a aussitôt été marqué par la polémique : la moitié de son conseil scientifique a démissionné pour protester contre la création du ministère de l’Intérieur ET de l’Identité nationale.

Conséquence, Nicolas Sarkozy, rancunier, ne l’a jamais inauguré et n’y a jamais mis les pieds.

Avec Jacques Toubon à sa tête, la Cité de l’immigration a végété dans son paquebot à la dérive, n’attirant guère que les scolaires avec leurs profs (dont forcés), et surtout des visiteurs pour son magnifique aquarium tropical qui couvre 90% des visiteurs payants !

Tout le défi de Benjamin Stora est de transformer ce musée en un lieu qui donne envie non seulement de le visiter, mais surtout d’en savoir plus sur cette histoire riche, contrastée et jamais facile, mais féconde, de la France et de ses immigrations successives.

Benjamin Stora fait valoir que les collections du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie qui était autrefois installé au palais de la Porte dorée – bâtiment édifié pour l’expo coloniale de 1931 –, étaient totalement ignorées à l’époque. Elles sont devenues « tendance » une fois déplacées au musée des Arts premiers du Quai Branly, dans un nouvel environnement signé Jean Nouvel, et une nouvelle approche muséale.

Il espère en faire autant au musée de l’Histoire de l’immigration, même s’il sait qu’il rame à contre-courant politique.
Regard positif au plus haut niveau de l’Etat



Benjamin Stora, en 2010 (SIMON ISABELLE/SIPA)

Les batailles perdues d’avance étant celles qu’on ne mène pas, Benjamin Stora sait qu’il n’a que deux ans pour faire ses preuves, dans un climat politique qui sera loin d’être serein, surtout à l’approche des échéances électorales.

La visite de François Hollande est donc, de ce point de vue, importante. Non pas que la parole présidentielle pèse actuellement très lourd, mais l’engagement politique au sommet de l’Etat en faveur d’un regard positif sur l’histoire de l’immigration était indispensable pour légitimer un lieu qui en a bien besoin.

François Hollande sait aussi qu’il a beaucoup perdu du capital de sympathie qu’il avait pu avoir en 2012 dans les populations « issues de l’immigration » comme on dit : contexte économique déprimé, « mariage pour tous » qui passe aussi mal chez les musulmans pratiquants que chez les cathos, ou encore sa prise de position pro-israélienne au début de la dernière guerre de Gaza.
Marqueur de gauche

Pourtant, s’il y a un terrain sur lequel François Hollande peut montrer un vrai clivage avec son rival d’hier et d’aujourd’hui, Nicolas Sarkozy, c’est bien celui de l’immigration – personne n’a oublié l’« identité nationale », l’indigne discours de Grenoble, ou la campagne à la Buisson de 2012 –, même si François Hollande n’a pas montré plus de courage que ses prédécesseurs socialistes depuis 30 ans en renonçant à la promesse du vote des étrangers non-communautaires aux élections locales.

Symboliquement fort malgré les arrières-pensées opportunistes, le discours du palais de la Porte dorée est l’un des rares moments qui restent à François Hollande pour signifier des marqueurs de gauche quand celle-ci ne sait plus très bien où elle habite.

Au passage, il donnera une nouvelle chance à un musée précieux qui n’en a pas réellement eue.


fonte:  @edisonmariotti #edisonmariotti http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/14/francois-hollande-musee-lhistoire-limmigration-enfin-256562

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