PatrimoineLes dépôts de l'institution sont pleins et peu adaptés. A l'heure où le Canton revoit la liste de ses partenaires, la directrice tire la sonnette d'alarme.
France Terrier, directrice-conservatrice du Musée d'Yverdon. Image: Odile Meylan
Une porte qui grince et une serrure qui va mal. C’est à peu près tout ce qui protège les précieuses collections archéologiques du Musée d’Yverdon, dans une cave dont nous sommes priés de ne pas révéler l’emplacement, sécurité oblige. Les cartons – parfois à bananes – s’y empilent de manière plus ou moins ordonnée, sur de vieilles étagères métalliques encombrées.
D’inestimables pierres polies mises au jour sur le site des menhirs de Clendy, des ossements de bœufs, des pots vernis découverts lors des fouilles du Castrum… L’essentiel des objets retrouvés dans le sous-sol du Nord vaudois, depuis le XIXe siècle jusqu’aux années 1990, y attend des jours meilleurs. Dans des conditions inadaptées. Les soupiraux brisés font fluctuer l’humidité et la température au gré des saisons. Pire: il n’y a pas de plan d’évacuation des précieux objets, alors que la Thièle toute proche s’apprêtait à déborder la semaine dernière.
C’en est trop pour la directrice et conservatrice du musée, France Terrier, qui n’hésite plus à parler «d’urgence et de situation infiniment fragile». Si elle ne tape pas du poing sur la table, c’est sans doute à cause de l’épaisse couche de poussière.
Inventaire incomplet
Ce qui manque à l’institution, ce sont non seulement des locaux, mais surtout une vision globale des collections archéologiques. Eparpillées sur plusieurs sites (dont des dépôts à la route de Lausanne, pour les plus fragiles), elles ne sont même pas inventoriées de manière exhaustive. Tout ce qui a été retrouvé par les archéologues durant les vingt-cinq dernières années est entreposé hors d’Yverdon, faute de place. Dans les dépôts cantonaux de Lucens, de l’Université de Lausanne, voire à Cossonay et à Berne, les caisses qui attendent de regagner Yverdon occupent actuellement quelque 153 m2 dans différents dépôts, indiquait un rapport de 2012.
Pendant ce temps, des prêts s’éternisent, des objets se perdent. «Par rapport à d’autres institutions, nos locaux sont préhistoriques, ironise la directrice. Aujourd’hui, les sites s’étudient de manière diachronique, en tenant compte de toutes les époques. Nous avons besoin de tout rassembler. L’inventaire, c’est l’investissement obligatoire avant l’étude et l’exposition. Et nous sommes un musée régional, des communes comptent sur nous.»
Le musée n’est légalement que dépositaire des trouvailles faites sur l’ancien district d’Yverdon, qui restent propriétés du Canton. Avec la création du district Jura-Nord vaudois, l’institution a élargi son périmètre à 45 communes, qui détiennent des sites lacustres, des temples romains ou encore des places fortes gauloises.
Pas dans les normes
Aujourd’hui, c’est aussi la reconnaissance de la part du Canton qui inquiète. «Nous ne sommes clairement pas dans les normes, s’alarme France Terrier. Ni pour les incendies ni pour le vol ou l’hygrométrie. Même si tout n’est pas fragile, il faut un minimum de conditions pour pouvoir étudier les objets.» S’ajoute l’entrée en vigueur, le 1er mai dernier, de la nouvelle loi sur le patrimoine matériel et immatériel du canton. Dans les cinq prochaines années, l’Etat devra renouveler les conventions des musées régionaux. En clair, celui Yverdon a peur de perdre son statut.
«Il faudra établir quels sont les droits et devoirs des institutions reconnues, détaille Brigitte Waridel, cheffe du Service cantonal des affaires culturelles. Cela implique notamment d’être plus précis dans les évaluations et de passer en revue les conditions de conservation des objets dont le Canton laisse la jouissance à certains musées communaux.»
Solution commune
«Tout le monde a besoin de locaux d’urgence», temporise pour sa part la municipale socialiste Nathalie Saugy. «Ils ne sont pas les seuls. Le Musée de la Mode en cherche aussi. Il faudrait peut-être trouver une solution commune avec d’autres institutions. Le problème, c’est que les dispositions sont cantonales et c’est aux communes de se débrouiller.» L’an dernier, le Musée d’Yverdon était financé à 60% par le chef-lieu.
France Terrier rêve de louer quelque 500 m2 dans le Village des anciens ateliers Leclanché. Un peu trop grand pour les seules collections. On recherche donc des colocataires, qui restent difficiles à trouver. Pour le musée, ce serait 50 000 à 100 000 francs de plus pour son budget annuel, d’un demi-million. La directrice espère aussi pouvoir dynamiser davantage son musée avec un tournus des pièces exposées, explorer d’autres thématiques d’expositions temporaires et mettre en avant les points forts des collections.
Des collections qui ont été classées en note «A» par la Confédération, soit d’une «importance nationale». (24 heures)
fonte: @edisonmariotti #edisonmariotti
http://www.24heures.ch/vaud-regions/nord-vaudois-broye/musee-yverdon-sinquiete-depots/story/19992921
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