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terça-feira, 26 de janeiro de 2016

L’artiste qui s’est exposée nue au musée d’Orsay raconte: “Ce n’était pas un strip-tease mais bien une performance”. --- The artist who is exposed naked to the Orsay museum tells: "It was not a striptease but a performance."

Samedi 16 janvier, Déborah de Robertis, 31 ans, se mettait nue devant L’Olympia de Manet au musée d’Orsay, un an après avoir exposé son sexe sous L’Origine du monde de Courbet. Placée en garde à vue suite à la plainte de l’établissement, l’artiste luxembourgeoise a écopé d’un rappel à la loi. Rencontre un froid matin de janvier autour d’un café.




Comment l’idée vous est-elle venue ?

Déborah de Robertis- Ce n’était pas un strip-tease, mais bien une performance, un droit de réponse même. Ça fait longtemps que je travaille sur le modèle féminin. Ce qui m’intéresse c’est de me mettre dans une position a priori passive, et de renverser le point de vue en filmant de ma position justement. Ce sont aussi les procédures du musée qui m’intéressent énormément, le rapport à l’institution, à la loi.

Etait-ce aussi un moyen de questionner le regard masculin sur le corps féminin ?

Oui, mais ça ne se limite pas à ça. Ma performance pose des questions sur les rapports de pouvoir. Se mettre nu, c’est vraiment accessoire, c’est presque la chose la plus facile de la performance. Les gens pensent que c’est le coeur, mais non, ce n’est pas un strip-tease. Ce qui m’intéresse c’est la confrontation. Dans cette performance, la nudité est mon vêtement, celui qui me permet de représenter au mieux le tableau L’Olympia. La performance consiste à faire durer la pose, tout en gérant toutes les choses qui vont se mettre sur mon chemin. Et ça ne s’arrête pas au public, ça peut aller jusqu’à un procès. Ce qui m’attire, c’est aussi l’image que ça crée. Si je pouvais avoir accès à des images tournées par des caméras de surveillance, ça serait la plus belle pièce selon moi. C’est aussi, bien sûr, une mise en abîme du tableau, qui repose certaines questions très anciennes comme le scandale de la nudité, mais en intégrant des problématiques contemporaines.

Lesquelles ?

Celle de la nudité dans l’espace public. Je n’ai pas de réponses à ça, je me contente de poser un geste. Mais c’est certain que lorsqu’on prend position dans l’espace public de cette façon, on provoque quelque chose. C’est cette confrontation-là, et peu importe la forme qu’elle prend, que ce soit la lecture d’un texte ou la nudité, qui pour moi constitue la performance. Une fois le geste posé, les choses t’échappent au final.

Pourquoi vous mettre dans la position du modèle et non de l’artiste peignant le tableau?

J’ai toujours adopté la position du modèle nu. Pendant mes études, j’ai travaillé dans un club de strip-tease. J’avais cette position de femme regardée, de femme-objet, un peu comme un tableau. J’étais sur un podium. J’ai très vite été fascinée par cet angle de vue, cette position, ce point de vue de la strip-teaseuse sur les clients, sur la structure du club. C’est en étant le plus visible, en position surélevée par rapport aux clients que je pouvais le mieux voir ce qui m’intéressait : le fonctionnement du club, les codes, les clients. C’est une position très visible mais à la fois presque une planque. J’ai bien aimé ce rapport paradoxal.

Votre travail déborde du cadre de la simple performance ?

Oui, le principal c’est de rendre compte du point de vue du modèle. Et je pense que les médias font partie de la performance.

Comment s’est organisée cette dernière performance ?

J’ai casté 15 personnes, que j’ai placées dans le public. Ils étaient chargés d’expliquer la performance aux spectateurs, d’improviser aussi. Je leur avais par exemple dit d’applaudir quand ça deviendrait tendu, comme lors de ma première performance. Je ne veux pas faire peur au public, ni créer de panique. L’important pour moi c’est donc de canaliser leur énergie de façon positive. Et ça marche. Le public ne part pas, n’a pas l’air choqué. Les seuls qui me chassent ce sont les vigiles, et c’est leur boulot. Je n’arrêtais pas de demander à voir le directeur, une manière de recréer une forme de confrontation, de face à face. Je travaille le truc pour que ça ne soit pas agressif. Je lui avais envoyé une lettre pour qu’il soit capable de prendre position intellectuellement. Ce n’était pas une autorisation, car je ne pense pas qu’un artiste doive demander d’autorisation, ça me parait étrange. Ça veut dire qu’on te dit non, tu ne le fais pas, ce qui n’a pas de sens. Un texte a été distribué dans la salle et les performeurs expliquaient l’action aux gens. Personne n’était dans l’ignorance. C’est le plus important.

Ce n’est quand même pas anodin de se mettre nu dans l’espace public… Des enfants auraient pu être choqués par exemple.

Je suis dans la confrontation, le face à face, mais la nudité telle que je la présente n’est pas choquante à mon sens pour un enfant. Ce n’est pas une exhibition mais un geste artistique pour moi. C’est une nudité publique, il n’y a aucune intimité.

Quelle différence voyez-vous entre exhibition sexuelle et geste artistique?

C’est la démarche artistique, la réflexion, la curiosité. Il me semble que l’exhibition sexuelle est par définition quelque chose de sexuel. Je me sens plus comme une fille qui va sauter à l’élastique que comme quelqu’un qui recherche un plaisir sexuel. Je n’en prends aucun. D’ailleurs, je suis plutôt pudique, je me fais violence pour faire ça. La seule émotion que j’éprouve c’est l’adrénaline, mais c’est plus proche d’un sportif. Il y a une grande différence de positions entre un exhibitionniste et un artiste et cette différence est fondamentale. Les artistes et les militants vont dans le sens de la vie, de la construction, du mouvement. Si on ne fait pas la différence entre une pulsion de vie et une pulsion destructrice, un geste d’agression, c’est grave.

La nudité est-elle une arme politique ?

Montrer son corps nu est une réflexion qui peut avoir une portée politique. Mais ce n’est pas tant le corps qui est politique, que la réflexion qu’il entraine. Tout artiste, nu ou habillé, a une portée politique.

Avez-vous eu peur?

Oui, de l’inconnu. Mais c’est une démarche instinctive, quasiment viscérale pour moi. Je crois que ce qui me fait peur aussi c’est l’humiliation : que le geste ne soit pas compris, que les articles tombent dans le sexisme… me retrouver dans une position que je n’ai pas choisie, ça, ça me fait peur.

Avez-vous été surprise de la réaction du musée ?

Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’ils me reconnaissent dès mon arrivée. Là, ça a été une vraie forme de mise à nu. Je me suis retrouvée à mettre ma GoPro devant eux, et à prendre position devant le tableau en sachant qu’ils allaient tout de suite intervenir. Ils m’ont effectivement caché directement. Là, oui, j’ai ressenti un échec. Mais ensuite, quand j’ai vu les images, j’ai vu que c’était beau, très parlant. Ça a été pareil avec la première performance, où une femme s’était posée devant moi, transformant l’action en un face à face entre moi les jambes écartées et son corps habillé à elle.

Pourquoi avoir exposé votre sexe sous L’Origine du monde en 2014 ?

C’est un geste qui est considéré comme pornographique, alors que pour moi c’est juste graphiquement beau. Symboliquement, c’est une positon magnifique. C’était un geste d’ouverture, de réappropriation, de naissance. Pourquoi serait-il forcément vulgaire ? En Irlande, il existe des gargouilles dans certaines églises, appelées les Sheela Na Gig, qui ouvrent leurs sexes de femmes afin de protéger du mauvais esprit,des démons. C’est un mouvement qui a une grande puissance.

Comment vous est venue l’idée d’exposer votre sexe ?

J’ai commencé par prendre des photos de mon sexe devant des oeuvres dans des galeries, sans consciemment faire le lien avec le tableau. Il fallait que je me sente vraiment sure de moi pour prendre cette positon sous ce tableau. A un moment, ça m’a paru évident de faire le rapprochement avec L’Origine du monde. Je voulais que ce geste soit vu à travers le prisme, le cadre de L’Origine du monde. Si on ne voit pas mon geste à travers le tableau, on le place dans l’exhibition, dans la pornographie.

Pourtant, l’association avec l’érotisme voire la pornographie n’est pas si étonnante…

Ce n’est juste pas le même objet pour moi. Je conçois que ça puisse être excitant de regarder ces images, mais c’est important que ça reste ancré dans une réflexion.

Pourquoi avoir choisi L’Olympia ?

Je ne pouvais pas prendre un autre tableau car le modèle de celui-là regarde le public droit dans les yeux. Je trouvais ça, aussi, pertinent de faire un droit de réponse au musée d’Orsay, qui avait déjà porté plainte la première fois, une suite à la première performance.

Est-ce une critique de l’institution muséale ?

Je ne suis pas dans la critique, dans la dénonciation. Comme le dit la philosophe Geneviève Fresse, dénoncer les stéréotypes contribue à les faire exister. C’est important d’être dans un geste d’émancipation, je me situe dans la construction.

Comprenez-vous leur réaction ?

Pas tellement. Je leur ai envoyé une lettre vingt minutes avant pour leur permettre de réagir. Je ne pouvais pas faire plus sinon on m’aurait bloqué l’accès à l’entrée. J’ai aussi demandé à parler au directeur pour arrêter le jeu avec les vigiles. Si tu caches quelqu’un c’est plus effrayant que si tu laisses l’artiste nu sous un tableau. J’avais le corps maquillé, je portais une perruque… Je ressemblais à tout sauf à une exhibitionniste.

Que pensez-vous des Femen ?

Ce n’est pas parce qu’on est nues qu’on dit la même chose. Après, on fait partie de la même époque et je trouve qu’elles ont inventé un modèle intéressant et contemporain dans la représentation. Elles ont créé une imagerie intéressante, elles ont fait bouger les modèles.






fonte: @edisonmariotti #edisonmariotti


Cultura e conhecimento são ingredientes essenciais para a sociedade.

A cultura é o único antídoto que existe contra a ausência de amor.

Vamos compartilhar.



--in via tradutor do google
The artist who is exposed naked to the Orsay museum tells: "It was not a striptease but a performance."
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Saturday, January 16, Deborah de Robertis, 31, began naked in front of Manet's Olympia Musée d'Orsay, a year after stating his sex in The Origin of the World Courbet. Placed in custody following the complaint of the institution, the Luxembourg artist was sentenced to a reminder of the law. Meet a cold January morning over coffee.
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How did the idea come to you?

Déborah of Robertis- It was not a striptease, but a performance, the same right of reply. How long have I been working on the female model. What interests me is to put myself in a position a priori passive, and overthrow the view by filming my position precisely. These are also the procedures of the museum that interests me enormously, the report to the institution, to the law.

Was it also a way of questioning the male gaze on the female body?

Yes, but it is not limited to that. My performance raises questions about power relations. Getting naked is really incidental, it is almost the easiest thing in performance. People think this is the heart, but no, this is not a striptease. What interests me is the confrontation. In this performance, nudity is my garment, one that allows me to best represent the work L'Olympia. The performance is to take the pose, while managing all the things that will get in my way. And it does not stop the public, it can go to a trial. What attracts me is also the image that it creates. If I could have access to images filmed by surveillance cameras, it would be the best room in my opinion. It is also, of course, a setting in abyss of the table, based some very old issues like the scandal of nudity, but incorporating contemporary issues.

Which ones?

That of nudity in public places. I have no answers to that, I just do something. But it is certain that when we take a position in the public space in this way, it causes something. It is this confrontation there, and whatever form it takes, whether it's reading a text or nakedness, which for me is the performance. Once the act committed, things escape you in the end.

Why put yourself in the position of the model and not the artist painting the picture?

I have always taken the position of the nude model. During my studies, I worked in a strip club. I had watched this position of women, women as objects, much like a painting. I was on a podium. I soon became fascinated by this angle, this position, this view of the stripper on customers, on the structure of the club. It is by being more visible, in an elevated position relative to the customers that I could best see what interested me: club operations, codes, customers. This is a very visible position but both almost a hideout. I liked this paradoxical report.

Your work is beyond the scope of mere performance?

Yes, the main thing is to account in terms of the model. And I think the media are part of the performance.

How was it organized performance?

I casted 15 people, which I placed in the public. They were responsible for explaining the performance to the audience, improvise too. I had given them such words of cheer when it would become tense, as in my first performance. I do not want to scare the public, or create panic. The important thing for me is to channel their energy in a positive way. And it works. The public does not leave, not shocked. The only ones who hunt me are the guards, and it is their job. I kept asking to see the manager, a way to recreate a form of confrontation, face to face. I work the trick to it is not aggressive. I sent him a letter for him to be able to take a position intellectually. It was not an authorization, because I do not think that an artist should ask permission, it seems strange to me. That means we told you no, you do not do, which is meaningless. A text was distributed in the room and the performers explain the action to people. Nobody was in ignorance. It is the most important.

It is still not trivial to be naked in public space ... Children might have been shocked by example.

I'm in the confrontation, face to face, but the nudity as I this is not shocking I think for a child. This is not an exhibition but an artistic gesture for me. It is a public nudity, there is no privacy.

What difference do you see between sexual exhibitionism and artistic gesture?

It is the artistic approach, reflection, curiosity. It seems that the sexual exhibitionism is by definition something sexual. I feel more like a girl who is going bungee jumping than someone looking for sexual pleasure. I do not take any. Besides, I'm quite shy, I make myself violence to do that. The only emotion I feel it's the adrenaline, but it's more like a sportsman. There is a big difference between an exhibitionist positions and artist and this difference is fundamental. Artists and activists go in the direction of life, construction and movement. If we do not make the difference between a life instinct and destructive drive, a gesture of aggression, it is serious.

Is nudity a political weapon?

Show her naked body is a reflection that may have a political impact. But it is not so much the body that is political, that reflection that entails. Any artist, nude or dressed, has a political significance.

Have you afraid?

Yes, the unknown. But it is an instinctive process, almost visceral for me. I think what scares me is also the humiliation that the gesture is not understood, that the items fall into sexism ... find myself in a position I have not chosen it, it makes me fear.

Were you surprised by the reaction of the museum?

I did not expect at all that they recognize me upon my arrival. There, it was a true form of exposure. I found myself putting my GoPro before them, and to take a stand before the table knowing that they would immediately intervene. They actually hid me directly. There, yes, I felt a failure. But then when I saw the pictures, I saw that it was beautiful, very telling. It was the same with the first performance, where a woman was put in front of me, turning the action into a confrontation between my legs apart and his body dressed to it.

Why your gender presentation in The Origin of the World in 2014?

It is a gesture that is considered pornographic, whereas for me it's just graphically beautiful. Symbolically, it is a beautiful positron. It was a gesture of openness, reappropriation of birth. Why would necessarily be vulgar? In Ireland, there are gargoyles in some churches, called Sheela Na Gig, who open their equality of women to protect from evil spirits, demons. It is a movement that has great power.

How did you get the idea to expose your sex?

I started taking pictures of my sex before their works in galleries, without consciously make the connection with the table. I had to really feel me sure of myself to make this positon in this table. At one point, it seemed obvious to reconcile with The Origin of the World. I wanted this gesture is seen through the lens, part of The Origin of the World. If you can not see my gesture across the table, placed in the exhibition, in pornography.

However, the association with eroticism or pornography is not so surprising ...

It's just not the same object for me. I understand that it can be exciting to watch these images, but it is important that it remains anchored in a reflection.

Why did you choose L'Olympia?

I could not take another picture because the model of that one looks at the public law in the eyes. I thought it was, too, relevant to a right of reply to the Orsay museum, which had already filed a complaint the first time, a sequel to the first performance.

Is it a criticism of the museum?

I'm not in criticism, in the information. In the words of the philosopher Geneviève Fresse denounce stereotypes helps make them exist. It is important to be in a gesture of emancipation, I stand in construction.

Do you understand their reaction?

Not really. I sent them a letter twenty minutes before to allow them to react. I could not do more if we would have blocked me access to the entry. I also asked for the manager to stop the game with the guards. If you hide someone that's more frightening than if you let the artist naked under a table. I had a body made up, I wore a wig ... I looked like anything but an exhibitionist.

What do you think of Femen?

This is not because we are naked they say the same thing. After you're part of the same time and I think they have invented an interesting and contemporary style in the representation. They created an interesting imagery, they did move the models.

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