Son histoire aurait pu être celle d’une disparition. Le Musée national de la Renaissance la met en lumière jusqu’au 1er février 2016. Louise de Savoie, mère de François Ier , ne sera peut-être plus la grande oubliée des manuels d’histoire, effacée par le long règne de son fils ou l’image de Catherine et Marie de Médicis dont Michelet la rapprocha.
Louise de Savoie, représentée dans le Traité des vertus,
de leur excellence, et comment on les peut acquérir ,
de François Demoulins, vers 1510.
de leur excellence, et comment on les peut acquérir ,
de François Demoulins, vers 1510.
ELLE SENSIBILISA FRANÇOIS IER AUX ARTS ET AUX LIVRES
À Écouen, celle qui plaça ses fidèles aux postes de conseillers du roi, assura deux régences et négocia la paix des Dames avec Marguerite d’Autriche, s’approche au premier plan. Mais c’est une autre forme d’influence que l’exposition retrace, artistique et intellectuelle. À rebours des usages de son temps, Louise de Savoie ne quitta jamais ses enfants, choisit le précepteur de son fils et l’entoura, dès son plus jeune âge, de l’œuvre des plus grands artistes.
Dans ce domaine aussi, « elle symbolise le passage du Moyen Âge à la Renaissance où les femmes ont joué un rôle majeur », explique Thierry Crépin-Leblond, conservateur général et directeur du musée dédié à ce moment historique.
L’oubli la guettait, sa présence est magnifiée par des pièces d’exception, judicieusement placées dans les appartements du château, parmi les collections permanentes du musée, présentées « de manière provisoire, servies comme sur une table dressée pour la délectation des visiteurs ».
Autant de traces laissées par celle qui obtint de porter le titre de « Madame » réservée à la sœur du roi, autant de témoignages de son goût pour les enluminures, la peinture, les tapisseries ou encore l’orfèvrerie, de sa connaissance de l’art italien et de l’Europe du Nord, de son intérêt pour les livres comme de son intuition en matière d’architecture, révélée aux châteaux de Blois, Fontainebleau ou Chambord.
DES COMMANDES D’IMPORTANCE PASSÉES JUSQU’À SA MORT
La tenture d’origine, commandée lors de la jeunesse du duc, devait permettre de décorer une pièce entière. Sur le Fragment de tapisserie aux armes et emblèmes de Louise de Savoie et de François d’Angoulême, prêté par le Museum of Fine Arts de Boston, « les choix héraldiques de Louise de Savoie sont une proclamation ouverte des droits de François sur le Milanais », commente Muriel Barbier, conservateur du patrimoine : la salamandre pour rappeler l’emblème des Angoulême, la cordelière pour la maison de Savoie.
Des commandes de cette importance, Louise de Savoie en passa jusqu’à sa mort, comme ce buste de terre cuite à son effigie, dont la qualité d’exécution conduit Thierry Crépin-Leblond à l’attribuer à Antoine Juste, un artiste italien de passage à Amboise vers 1510. Ou encore le retable de la chapelle de Cognac, en terre cuite émaillée, réalisé par l’artiste florentin Girolamo della Robbia et inspiré d’une gravure d’Albrecht Dürer.
Parfois, l’œuvre a disparu, il ne reste qu’une dizaine de lignes dans un registre, comme pour cette chambre de velours brodée de scènes inspirées des Bucoliques de Virgile, ou quelques traits. Le dessin de la plaque funéraire du cœur de Louise de Savoie à Notre-Dame de Paris, seul souvenir du monument, dit la force politique, le don de l’art et la fragilité de la mémoire.
Béatrice Bouniol
« Une reine sans couronne? Louise de Savoie, mère de François Ier », du 14 octobre 2015 au 1er février 2016.
http://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Le-Musee-national-de-la-Renaissance-met-en-lumiere-Louise-de-Savoie-2015-10-23-1372068
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