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sábado, 12 de março de 2016

L'Art et l'enfant au musée Marmottan.

Le musée Marmottan Monet présente jusqu'au 3 juillet 2016 l'exposition "L'Art et l'enfant, chefs-d'oeuvre de la peinture française". 75 oeuvres pour découvrir l'étrange évolution de la représentation de l'enfant par les peintres, du XVIe au XXe siècle. Visite.


Maurice Denis : La Boxe, 1918. Huile sur carton, 83,3 cm x 69. Photo Olivier Goulet / Berthe Morisot : Eugène Manet et sa fille dans le jardin de Bougival. Huile sur toile, 73 cm x 92. Musée Marmottan, Paris / The Bridgeman Art Library


Après sa belle exposition sur "La toilette, naissance de l'intime"", le musée Marmottan continue avec une autre exposition générique, consacrée à l'enfant, thème qui nous concerne tous. Comment les artistes ont-ils représenté les enfants à travers les siècles ? Et bien, c'est beaucoup plus complexe et lourd en sous entendus politiques qu'il n'y paraît.

Fuyant la pluie, j'entre en courant dans le musée. Dans ce beau "palais", l'ambiance est toujours douce, comme si le brouhaha de la ville respectait l'édifice et évitait d'y rentrer. La visite presse de l'exposition est prévue à deux voies, deux commissaires d'exposition. A vrai dire, cela n'est pas une très bonne idée, car ils ne sont pas d'accord à 100% sur tout, et lorsque le premier prend la parole, le second a fortement envie de s'exprimer, et vice versa. Autour de moi, il y a beaucoup de gens qui ne prennent aucune note, des journalistes ? Admettons... Comme toujours ici, la scénographie est impeccable, avec un soupçon d'audace, mais pas trop... La moquette est donc bleue, les murs osent le bleu canard ou le rouge vif. On me donne un audio guide qui ne sert à rien puisque mes interlocuteurs sont à deux mètres. Allez hop c'est parti.

L'héritier

Aujourd'hui l'enfant est roi, au moindre rhume, la famille culpabilise déjà, mais cela n'a pas toujours été le cas. A la fin du XVIIIe siècle, un enfant sur quatre meurt avant un an. Et c'est pour cela que les familles essayent d'avoir plusieurs enfants, elles prévoient les pertes... A vrai dire, l'enfant n'est pas grand-chose. Sa représentation se résume à deux figures emblématiques : le petit Jésus et l'enfant roi, à part ça... Face à moi, un bel exemple d'enfant roi : un émail peint, attribué à Léonard Limosin, représentant le fils du roi de France Henri II. C'est donc le dauphin François et il a neuf ans. Outre le bleu magnifique et le turquoise dans la partie inférieure, je remarque que le gamin est habillé comme un adulte. Cette œuvre est donc un objet politique, destiné à affirmer et à afficher le statut très particulier de l'enfant. J'observe le regard, la finesse de la bouche, le tour de l'oreille : toute la douceur et la délicatesse de l'enfance est là, même si le port est bien royal.


Attribué à Léonard Limosin : portrait du futur François II. Vers 1553, émail peint sur cuivre. RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot.

Bonnet royal

Ce portrait de Louis XIV par un anonyme, me paraît moins abouti, un peu raide. L'enfant porte une robe. Au XVIe et XVIIe siècle, les garçons de la haute société portaient souvent des robes jusqu'à l'âge de six ou sept ans. Je me rapproche pour observe le petit Louis de plus près. Son attitude montre bien qu'il s'agit d'un futur roi, d'ailleurs il tient sa fleur comme un sceptre.


Anonyme : portrait du futur roi Louis XIV, enfant. XVIIe siècle, huile sur toile. RMN-Grand Plais (château de Versailles) / Gérard Blot

Le roi lumière

J'aperçois un magnifique tableau de Philippe de Champaigne, un peintre que j'adore, champion de la représentation des mains. Cette fois ci, le futur Louis XIV est adolescent. Il est plus grand que son frère et remet sa couronne et son sceptre à la Vierge. Toute la composition se résume à une diagonale conduisant à Marie, et cela est encore accentué par la courbe du rideau rose. Cette belle œuvre est elle aussi un objet politique, elle prouve que le futur souverain se situe bien entre la terre et le monde divin, il est même le seul intercesseur entre ces deux univers..

Philippe de Champaigne : Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre à la Vierge. Vers 1650, huile sur toile, 118,8 cm x 100. Hamburger Kunsthalle / bpk-Photo Elke Walford

Toutou

Une petite fille attire mon attention. C’est Louise-Marie de Bourbon, mademoiselle de Tours. Elle a été peinte par Pierre Mignard, à la fin du XVIIe. Ses yeux semblent ailleurs et pour cause : c'est un portrait posthume. La bulle de savon qu'elle tient d'une main n'est là que pour exprimer la fragilité de la vie. La fillette est morte en 1681, elle n'avait pas encore sept ans. A cette époque, la variole faisait des ravages. Le perroquet à ses pieds est là pour souligner son haut rang. A l'époque, c'était cher et rare un volatile de cette espèce. Je remarque aussi la petite horloge sur la table, signe du temps qui passe... Le peintre a encadré la fillette de deux colonnes pour recentrer l'attention de l'observateur sur le sujet principal. La gamine avait pour surnom "Toutou", cela expliquerait la présence du chien. Là, je ne peux m'empêcher d'avoir quelques doutes...

Pierre Mignard : Louise-Marie de Bourbon, duchesse d'Orléans. Vers 1681-1682, huile sur toile, 132 cm x 96. Château de Versailles, Dist RMN-Grand-Palais / Christophe Fouin

Les aventures du fœtus

Je suis face à une gravure très étrange de Jacques-Fabien Gautier-Dagoty (1740-1785). Il représente une femme enceinte, avec deux grossesses de types différents. En haut, le fœtus se présente par le siège, ce qui n'est pas sans danger. Vers le bas de l'œuvre, le bébé arrive normalement. Quant à l'étrange forme, sous les pieds de la femme, elle représenterait la semence masculine. Cette oeuvre aurait un but précis : saluer les progrès de la médecine.

jacques-Fabien Gautier-Dagoty : IVe tableau représentant la femme enceinte. 1740-1785, gravure sur cuivre en couleurs. 187,5 cm x 50. Christian Baraja

Le plaisir et la science

La lutte contre la mortalité infantile a une conséquence considérable dans la société de l'époque : elle donne naissance ou développe le sentiment familiale. Pour les artistes, l'enfant n'est plus seulement un porte drapeau politique, il commence à exister par lui même, il devient même un véritable sujet. Le siècle des Lumières (XVIIIe) reconnait l'enfance. La preuve est ce tableau de Chardin. Un enfant s'amuse avec une toupie. Il ne la quitte pas des yeux. Il est seul, tranquille. Derrière, la plume dans l'encrier, le parchemin et les livres symboliseraient l'importance et la beauté de la connaissance. Et à y regarder de plus près, j'ai effectivement l'impression que l'enfant étudie les mouvements de son jouet....
Jean-BaptisteSiméon Chardin : L'enfant au toton, 1738. Huile sur toile, 67 cm x 76. Musée du louvre, Dist RMN-Grand Palais / Angèle Dequier.

Famille et contradictions

Au XVIIIe, la vraie famille est donc née et les bourgeois veulent à tout prix que cela se sachent. Ils se montrent donc pleins d'attention envers leur progéniture. Sur ce tableau dePajou, j'aperçois quatre générations et tout le monde est aux petits soins pour la fillette, qui se découvre dans le miroir. Mais le commissaire de l'exposition, Jacques Gelis, professeur à l'université de Paris VIII, souligne que "le XVIIIe siècle est un siècle plein de contradictions : on s'occupe, enfin, de l'enfant mais on peut aussi l'envoyer en nourrice tout en sachant qu'on le reverra pas"... Mais la famille Pajou, elle, a l'air d'y tenir à cette petite. Ah oui... Si vous cherchez le grand-père, il est dans le cadre, au fond.


Jacques-Augustin-Catherine Pajou : Portrait de la famille de l'artiste. Vers 1802, huile sur toile, 6" cm x 52. RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

L'enfant soldat

Les peintres suivent l'actualité. L'enfant perd très vite son innocence. En 1830, l'enfant soldat est né. On le retrouve sur les barricades, au milieu des adultes. Les artistes représentent des garçonnets avec des armes. A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, le sentiment de la nécessité d'avoir des beaucoup d'enfants pour avoir une nation forte se développe. Toute cette ambiance, je la retrouve dans ce tableau, montrant une sorte deGavroche, debout, son fusil à la main et entouré de ses copains. Mais l'uniforme de serait pas très réglementaire, il s'agit donc d'une allégorie de la révolution de juillet 1830.


Philippe-Auguste Jeanron : Les petits patriotes. 1830, huile sur toile, 101cm x 81. RMN-Grand-Palais / Daniel Arnaudet

Douceur

Avec les impressionnistes, on entre encore plus dans l'intimité de l'enfant et de la famille. Souvent, l'enfant joue et c'est la notion de plaisir que veulent montrer les artistes. J'observe un tableau extraordinaire de Renoir. Une petite fille est vêtue d'une robe et d'une grosse ceinture. Elle est aussi pâle et fragile qu'une porcelaine japonaise, mais elle a déjà des allures de femme. Tout est mouvement dans la composition: elle tient un oiseau aux ailles mobiles, elle pousse un rideau, se tourne vers l'avant et même un de ses pieds est légèrement décollé de la mule, ce qui renforce encore le mouvement du corps. Chaque couleur est appliquée avec une extrême douceur, c’est une merveille.


Pierre Auguste Renoir : L'enfant à l'oiseau, 1882, huile sur toile, 126 cm x 78. Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts, USA / Photo Michael Agge

Quand l'enfant fait son cinéma

L'enfant encore plus libre, courant après un ballon, loin se da mère qui papote avec une copine. Ce tableau de Vallotton a quelque chose de cinématographique. L'angle choisi est d'une modernité incroyable. Là, pas doute : l'enfant vit sa vie. Ce tableau ressemble à l'image arrêtée d'un film.


Felix Valloton : Le ballon, 1899. Huile sur carton marouflé sur bois. 4_ cm x 61. RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Destin pourri

Mais la destinée des enfants n'est pas la même pour tous. Cette œuvre de Fernand Pelez,illustre la dureté d'une époque où beaucoup de gamins abandonnés, doivent se transformer en vendeur ou pire, en jeune prostitué surveillé. Sur ce tableau, le gamin n'en peut plus, la fatigue se lit sur son visage. J'observe le jeu des marrons qui s'opposent à la blancheur de l'enfant aux pieds sales. Il faut attendre la loi du 10 juillet 1889 pour que l'on s'intéresse "à la protection des mineurs et à la prévention des mauvais traitements".

Fernand Pelez : Un martyr. Le marchand de violettes, 1885. Huile sur toile, 87 cm x 100. Petit Palais / Roger Viollet

L'enfant roi

Au XXe siècle, c’est l'enfant créateur qui intéresse les peintres. En 1901-1902, le Petit Palais organise un concours de dessin sur "l'état des rêves de l'enfant et la qualité de sa vision". Les artistes n'hésitent pas à saluer l'enfant dessinateur et se servent des créations enfantines pour rompre totalement avec l'art du passé, afin de mettre en place de nouvelles perspectives artistiques. Les maladresses des dessins d'enfants seraient synonymes de pureté et de vérité. Les artistes en rêvent, Picasso passera toute sa vie et des heures innombrables de travail, à essayer de peindre comme un enfant.

J'admire ce tableau représentant un gamin tenant fièrement un pinceau et à coté, un peintre qui porte sa palette. C’est une œuvre pleine de vitalité. Ce tableau serait le symbole de la réussite de Picasso, devenu, enfin, un enfant. Les deux personnages sont en fait deux représentations, à des âges différents, de... Pablo Picasso.

Pablo Picasso : Le peintre et l'enfant. 21 octobre 1969. Huile sur toile, 130 cm x 195. RMN-Grand Palais(musée Picasso de Paris) / Jean-Gilles Berezzi. Succession Picasso 1016

Infantilisme et travail

Après 1950, Jean Dubuffet fonde la "Compagnie de l'art brut". Dubuffet adore l'art des fous et celui des enfants. Il revendique même un infantilisme délibéré. Mais cela lui demande beaucoup de travail. Si ce dessin, datant de 1975, évoque immédiatement un dessin d'enfant, sa composition est très étudiée, c'est un déséquilibre construit.

Jean Dubuffet : Lieu plurifocal. 7 juillet 1975. Acryle sur papier, 97 cm x 130. Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris 2016

Encore une fois, le musée Marmottant-Monet réussit son coup, on ne compte plus les chef-d'œuvres dans cette exposition : Girodet, Millet, Morisot, Matisse etc. Désormais, l'enfant est un dieu pour beaucoup d'artistes contemporains, mais cette exposition prouve qu'il a commencé par être un moins que rien. Sacrée évolution, bravo les artistes... Cette traversée à travers les siècles, sous le signe de l'enfance, est un réel plaisir historique et artistique.

Musée Marmottan-Monet 2 rue Louis Boilly, 75016 Paris

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h

Entrée : 11 euros.






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